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Polydore ou Polydoros (en grec ancien Πολύδωρος / Polýdôros ou en latin Polydorus) est, dans la mythologie grecque, un prince troyen. Il est le plus jeune fils de Priam et d'Hécube, selon notamment Hygin, ou de Laothoé selon Homère. Il est tué par Achille durant la guerre de Troie ou bien est l'objet d'un complot tragique alors qu'il est réfugié en Thrace.

Toutefois, son rôle et son histoire varient significativement selon les sources et les traditions.


Destin mortel au combat



Homère, l’Iliade


Il est habile à la course, agile, et bien que son père Priam le tienne à l'écart des combats, car il est le dernier-né et le préféré de ses fils, il agit par bravade pendant le siège de Troie et Achille le tue d'un coup de lance plantée dans son dos, là où sa double cuirasse fait défaut. Le coup est si violent que la pointe de l'arme traverse jusqu'au nombril, obligeant Polydore à s'agenouiller, agonisant en tenant ses entrailles dans ses mains. Son frère Hector arrive trop tard pour lui porter assistance.

Plus tard dans la bataille, Priam supplie Hector de renoncer à son duel avec Achille, après que plusieurs de ses fils ont été tués et que certaines de ses filles ont été capturées. Il le conjure de de venir s'abriter derrière les murailles : à cet instant, il semble encore croire que Polydore puisse être prisonnier sous les tentes grecques. Il est prêt même à verser rançon contre sa liberté, de par son or et celui qu'Altès a légué à sa fille Laothoé qui, selon Homère, est la mère de Polydore.


Objet d'un complot en Thrace


Hécube perçant de rage les yeux du roi Thrace Polymnestor, peinture de Guiseppe Crespi, XVIIIe siècle, Musées royaux des beaux-arts de Belgique.
Hécube perçant de rage les yeux du roi Thrace Polymnestor, peinture de Guiseppe Crespi, XVIIIe siècle, Musées royaux des beaux-arts de Belgique.
Hécube et les Troyennes (dont l'une tend une amphore que l'on peut penser contenant de l'eau) pleurant Polydore gisant à leur pied après avoir été porté par les flots, La Mort de Polydoros, Tapisserie de soie et de satin peints avec fils d'or, XVIIe siècle, Musée des beaux-arts de Lyon.
Hécube et les Troyennes (dont l'une tend une amphore que l'on peut penser contenant de l'eau) pleurant Polydore gisant à leur pied après avoir été porté par les flots, La Mort de Polydoros, Tapisserie de soie et de satin peints avec fils d'or, XVIIe siècle, Musée des beaux-arts de Lyon.
Hécube perçant les yeux de Polymnestor et les Troyennes le battant, La Vengeance d'Hécube, Tapisserie de soie et de satin peints avec fils d'or, XVIIe siècle, Musée des beaux-arts de Lyon.
Hécube perçant les yeux de Polymnestor et les Troyennes le battant, La Vengeance d'Hécube, Tapisserie de soie et de satin peints avec fils d'or, XVIIe siècle, Musée des beaux-arts de Lyon.

Alors qu'il est envoyé en Thrace pour y être protégé par son roi, Polydore est l'objet d'un complot, motivé par la cupidité. Ce complot a souvent une issue funeste pour lui.


Ovide, les Métamorphoses


Priam envoie secrètement Polydore en Thrace, en face de Troie, chez le riche roi Polymnestor[1] afin de le tenir loin de la pratique des armes et de lui assurer son éducation. Mais il le pourvoie d'une importante quantité d'or qui va nourrir la cupidité du roi Polymnestor. Celui-ci attend que la bonne étoile des Troyens[2], et d'allié fidèle il devient un traître qui tranche la gorge de son pupille, puis il jette son cadavre depuis un récif dans les flots, afin d'effacer toute trace de son crime.

Parallèlement à ces événements, les Grecs, qui sont sur leur chemin de retour, font escale en Thrace. Ils emmènent avec eux des captives troyennes, au nombre desquelles Hécube, la mère de Polydore. Durant cet arrêt, celle-ci alors au sacrifice de sa fille Polyxène. Éperdue de douleur, elle demande aux Troyennes un récipient d'eau pour nettoyer le visage de sa fille. Et c'est alors qu'elle découvre le corps de Polydore, gisant au bord de l'eau, et portant la trace de nombreux coups de lance. Hécube perd ainsi coup sur coup ses deux enfants qui étaient sa seule raison de rester en vie.

Tandis que les Troyennes font monter leurs cris autour du cadavre de Polydore, sa mère se contient et retient sa rage dans le silence. Oubliant son âge, et réfléchissant comme si elle était encore reine, elle veut venger son fils, et demande une audience à Polymnestor, prétextant qu'elle veut lui donner de l'or resté caché à son fils Polydore. Le roi aveuglé par son désir de richesse accepte et dans le secret vient à elle — rencontre dont les dieux sont témoins — la pressant de dire où se trouve cet or afin qu'il le donne à son fils. Face à ce mensonge doublé d'un acte impie, Hécube appel les Troyennes à l'aide aux autres Troyennes et déverse sa colère sur Polymnestor. N'ayant plus désormais d'autres armes que son corps, elle perce de ses doigts les yeux du Thrace, et plongeant ses mains, noyées d'un sang abondant, dans les orbites vides, continue à les racler. Elle ne peut plus que hurler son désespoir et celui de la dynastie de Troie. Les Thraces lapident Hécube pour venger leur roi.


Euripide, Hécube


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Euripide, développe dans sa pièce une version assez similaire à celle d'Ovide, avec quelques variantes et précisions :

Le moment de la mort de Polyxène est placé parfois avant le départ de Troie et n'est donc pas associée à une aventure thrace. Euripide lui-même, dans Les Troyennes, dont les évènements décrits sont antérieurs à ceux d'Hécube (la pièce a été présentée avant Les Troyennes), expose de manière contradictoire donc, la mort de la fille d'Hécube s’apprêtant à embarquer captive sur les navires grecs avant que l'on ne mette feu à la ville de Troie[6].


Hygin, Fables


Selon Hygin, Polydore est envoyé en Thrace chez le roi Polymnestor, qui a épousé sa sœur, Iliona[7]. Celle-ci l'élève comme son propre fils, le considérant considère comme le frère de l'enfant qu'elle a eu de Polymnestor, Déipyle. Après la chute de Troie, les Grecs voulant éliminer tous les Priamides, ayant déjà jeté par-dessus les murailles de Troie son neveu Astyanax alors encore nourrisson, proposent une forte somme d'argent à Polymnestor ainsi que le mariage avec Électre, la fille d'Agamemnon, dans l'intention qu'il se débarrasse de Polydore. Celui-ci accepte mais tue involontairement son propre fils Déipyle sans qu'il le sache vraiment, car Iliona intervertit les deux nourrissons afin de protéger son frère aux dépens de sa propre chair...

Plus tard, Polydore s'adresse à l'oracle d'Apollon qui lui appris que sa ville a été brûlée, son père tué et sa mère est en servitude. À son retour, ne comprenant pas cet oracle qui lui semble faux, se croyant être le fils de Polymnestor, pensant être Déipyle, il demande conseil à sa mère par procuration : Iliona ne peut alors que lui révéler la triste vérité, qu'il n'est pas le fils du roi Polymnestor et que ce dernier n'a pas hésité à le mettre à mort. Sur le conseil d'Iliona, il aveugle le roi et le tue.


Virgile, l'Énéide


Énée (à droite) à la sépulture de Polydore (représentée ici comme un ensemble de construction), enluminure sur parchemin, vers le IVe / Ve siècle, Bibliothèque apostolique vaticane.
Énée (à droite) à la sépulture de Polydore (représentée ici comme un ensemble de construction), enluminure sur parchemin, vers le IVe / Ve siècle, Bibliothèque apostolique vaticane.

Alors qu'ils quittent à contrecœur la Troade et Troie en ruine, Énée et un ensemble de Troyens embarquent pour les rivages d'une région voisine, en Thrace, une terre guerrière où l'on sait seulement qu'elle a été jadis gouvernée par un certain roi Lycurgue[8]. On apprend néanmoins la relation que cette région thrace a entretenue avec les Troyens, puisqu'ils ont été alliés et ont des dieux proches de ceux de Troie avant la chute de la ville.

L'intention d'Énée est de fonder une nouvelle ville à son nom. Alors qu'il commence par sacrifier un taureau blanc, Énée s'aperçoit non loin de là au sommet d'un petit tumulus[9], un taillis de cornouiller et de myrte dont il a bien l'idée d'en garnir son autel. Mais alors qu'il en cueille à plusieurs reprises, voilà-t-il pas que du suc ensanglanté en jaillit et finit par souiller le sol. Il est alors pris d'effroi en entendant une voix venant d'outre-tombe. Il s'agit de Polydore, qui telle une ombre, surgit de son dernier lieu de repos en priant Énée, son oncle précisément, de respecter sa sépulture, de lui offrir l'asile de la mort et de fuir cette région, lui apprenant que ce pays cupide qui a été le sien ne lui a finalement donné qu'une vie de misère : il y a été assassiné traitreusement par de multiples coups de lance dans ses flancs.

Virgile précise que Priam a confié secrètement au roi thrace son enfant avec une grande quantité d'or pour qu'il l’élève alors qu'il doute déjà des armes de Troie. Quand la bonne fortune se détourne des Troyens vers les Grecs, le roi thrace bafoue la parole qu'il a donnée, et il massacre ou fait massacrer Polydore puis s'empare de son or. De cette terre jugée profanée et donc peu apte à abriter les descendants des Troyens, Énée et son groupe s'éloignent à jamais, après avoir cependant redressé et nettoyé le tombeau de Polydore, et organisé des funérailles en son honneur au cours desquelles les femmes troyennes qui ont survécu défont leur cheveux selon le rite pour témoigner leur deuil et leur adieu à leur prince.


Dictys de Crète, l'Éphéméride de la guerre de Troie


C'est parce qu'Ajax fils de Télamon jette la désolation dans la Chersonèse de Thrace et qu'il redoute cet ennemi venu affaiblir les soutiens de Troie que le roi Polymnestor, ignorant par ailleurs qu'il ne pourra lui opposer une véritable résistance, achète la paix avec les Grecs. Il livre donc Polydore — Priam lui avait confié pour qu'il l'élève — qui n'est alors qu'un enfant. Pour se concilier encore mieux la faveur des Grecs, Polymnestor donne aussi quantité d'or, d'argent et autres objets précieux. Dans cet accès soudain de générosité, le roi thrace va en outre fournir en grain l'armée grecque pendant une année entière. Ajax en remplit ses navires... La trahison de Polymnestor le conduit aussi naturellement à renoncer solennellement et avec imprécations à l'alliance qu'il avait contracté avec Priam... Polymnestor et son royaume finissent par obtenir la bienveillance d'Ajax.


Sources



Notes et références


  1. Ovide dit que la région est celle des Bistoniens : peut-être s'agit-il une tribu thrace. Il fait de Polymnestor, roi des Odryses par ailleurs.
  2. Ovide les nomment Phrygiens.
  3. Du grec ancien Χερσόνησος / Khersonêsos, de χέρσος / Khersos, le continent et νῆσος / nêsos, l'île. La localisation est donc au bas mot imprécise et peut désigner toute péninsule se jetant dans la mer Egée.
  4. Strabon localise le Cynocème (Κυνὸς σῆμά) sur la côte opposée à celle de la Troade, en face de l'embouchure du fleuve de troade Rhodius se déversant dans les eaux de l'Hellespont entre la ville d'Abydos et de Dardanus, espacées de 70 stades (environ 15 km) l'une de l'autre. Le tombeau se trouverait près de la ville antique de Madytos, aujourd'hui la ville turque de Eceabat.
    -Strabon, Géographie [détail des éditions] [lire en ligne] (XIII, 1.28)
    -(en) Carte
  5. Le géographe romain Pomponius Mela nous suggère que le terme « chienne » attribué à Hécube trouve son explication dans les conditions de misère dans lesquelles elle finit par se retrouver après la disparation de Troie ; Pomponius Mela, Géographie [lire en ligne], II, 2-Thrace ou alternativement 23/26.
  6. Euripide, Les Troyennes [détail des éditions] [lire en ligne], 625 et 1260-1272.
  7. Notez qu'Ilion est l'autre nom de la ville de Troie.
  8. Ici on ne parle pas explicitement du roi Polymnestor.
  9. Un tumulus était un monticule de terre dressé à vocation funéraire (on en trouve près de Troie aussi).

Voir aussi



Articles connexes



На других языках


- [fr] Polydore fils de Priam

[it] Polidoro (figlio di Ecuba)

Polidoro (in greco antico: Πολύδωρος, Polýdōros) è un personaggio della mitologia greca, figlio di Priamo, re di Troia, e di Ecuba, di cui riferiscono Virgilio nell'Eneide ed Euripide nella tragedia Ecuba.

[ru] Полидор (сын Приама)

Полидор (др.-греч. Πολύδωρος) — в греческой мифологии[4] троянский царевич . Миф разработан в трагедии Еврипида «Гекуба» и «Метаморфозах» Овидия.



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